Les billets de l'équipe - ENSATT 2013

LOIN DE CORPUS CHRISTI

Texte : Christophe Pellet 

Mise en scène : Anne Théron

Avec les étudiants de la 72ème promotion de l'ENSATT - Lyon

Création à l'Ensatt - Lyon

 

Répétitions : du 7 janvier au 16 février 2013

Représentations : du 18 février au 1 mars 2013

 

 


BILLET #4 : Noé Mercier, rôle de Richard

Richard est un être complexe, assez passif mais finalement j'ai mis quelques temps à comprendre qu'il ne fallait surtout pas jouer cette passivité mais bien au contraire investir au maximum sa parole. Cette passivité n'est pas à jouer, elle est présente dans le regard de chaque personnage qu'il croise.

 

J'ai cherché où pouvait se situer la peur de Richard et j'ai trouvé ceci :

" L'expérience du vertige :

Je suis au bord d'un précipice, d'abord vient la peur de glisser donc la peur de la mort, mais tant qu'elle ne reste qu'à cela mon angoisse n'est qu'une anxiété et je suis encore passif. Je fais alors attention à mes possibilités d'échapper au danger, comme celle de reculer, ce qui annihile ma peur de tomber. Mais alors je m'angoisse car ces réactions sur lesquelles mon attention se fixe ne sont encore que de " libres " possibilités. Rien ne m'empêche de sauter, c'est aussi une de mes conduites possibles. J'ai peur de ce que je peux faire, du pouvoir immense que me confère ma liberté. "

J'ai pour l'instant cette impression que Richard a peur de sa propre liberté, tout juste arrivé à Hollywood ses points de repère sont bousculés et il doute trop de lui même pour pouvoir décider de ce qui est " bien " ou " mal ".

 


Deux citations qui me font penser à Richard :

 

" Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant " Descartes

" Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre. " Sartre

 

Billet de Noé MERCIER

Rôle de Richard Hart

ENSATT, 2013



BILLET #3 : Simon Jouannot, rôle de Johann

 

SEMAINE 3, JOUR 3 : mardi 22 janvier 2013

 

C’est une sensation très étrange, d’être plongé dans un objet si dense : le texte est déjà bien complexe, mais lorsqu’on y ajoute la scénographie, les costumes, le son, la lumière et l’image, les informations fusent par volées pendant les rares moments où je peux quitter le plateau pour voir ce qui s’y passe.

Cette fin de spectacle, dans l’état où elle était ce soir, me rassure : comme je vois moins de choses, j’en entends davantage ; j’écoute vraiment et le texte me touche.

Je me demande ce que l’on percevra d’un spectacle de deux heures aussi riche depuis un siège de la salle Terzieff.

 

*

 

Ça m’est pour l’instant impossible de me faire une idée globale du projet, et plus spécifiquement de comprendre le rôle que je peux y jouer moi, en tant qu’acteur.

Pour ma part je joue Johann Steiner, dont on sait finalement peu de choses : il a quinze ans dans les années 90 et se passionne pour les jeux vidéos ; le dialogue ne se fait plus avec le monde extérieur et plus particulièrement avec sa mère Agnès ; il finit par se lancer dans des études d’archéologie qui lui permettent de lier réalité et fiction, mais meurt à 22 ans alors qu’il les achève. Johann est né au monde, s’en est écarté et le quitte lorsqu’il renoue avec.

 

Richard fascine Anne et Norma, en même temps que Anne se fascine pour Johann et Norma pour Moritz. Or dans l’adaptation que nous travaillons, Johann et Moritz réapparaissent pour parler des deux femmes. Qui observe qui ?

Richard, Moritz et Johann sont des hommes là sans y être. N’est-ce pas qu’une question de point de vue ? Les « absents » le sont-ils réellement ou ne sont-ils simplement pas « vus » ?

 

Cette mise à l’écart naît-elle de l’attrait pour la fiction, d’un refus du monde réel ou d’une exclusion par le monde réel ? D’où vient alors cette fascination pour ces absents au monde ?

Fredricksen parle de pureté et se définit lui-même comme un cœur pur. Richard, Johann, Moritz et même Fredicksen ne pourraient-ils pas être les mêmes personnages, jetés dans des mondes différents qui les ont ainsi définis différemment ?

 

La relation entre Agnès et Johann me semble très intéressante : ils ont chacun leur présent, leur réalité, mais ils ne se retrouvent pas ; Johann est certes plongé dans un monde virtuel mais Agnès voit son enfant comme la réminiscence de sa fille disparue : ils ne parviennent pas à se « voir » dans la vie.

 

Pour ce qui est de jouer le rôle de Johann, ma principale difficulté réside dans le fait que peu de choses le définissent : il parle très peu de son vivant, et revient d’entre les morts comme conteur de l’histoire de Anne. Ce qu’on sait sur lui est moins ce qu’il est que ce qu’il n’est pas.

Aucune information sur son père, sa sœur est morte et on ne sait pas s’ils se sont connus. Quels sont ses rapports avec Agnès, la seule famille qui lui reste ? Avec Anne, le seule personnage avec lequel il engage un dialogue ?

Il passe ses journées à jouer sur son ordinateur : « avec ces jeux, le spectateur devient acteur et peut changer le cours de l’Histoire ». Johann agit-il dans la fiction à défaut d’agir dans la réalité ?

« Et toi, est-ce que tu existes ? Est-ce que notre monde existe ? » Où est placé Johann ? Est-il fou ou est-il lucide ? Est-ce un autiste ou un profond disciple de Nietzsche ?

Johann a quinze ans à la fin du vingtième siècle, il appartient au « monde libre ». Johann - ou tout autre personne de ce nouveau monde - est-il « libre » pour autant ?

 

Billet de Simon JOUANNOT   

Rôle de Johann Steiner

ENSATT, 2013


Simon Jouannot

BILLET #2 : Joseph Bourillon, rôle de Moritz

C'est vraiment pas évident de trouver le corps de la langue, de trouver comment tous ces mots peuvent tenir debout, de trouver quelle est la bonne dynamique pour faire vivre 2 heures de spectacle avec ce texte. J'ai parfois l'impression de devoir donner une énergie excessive pour faire exister ces mots et d'autres fois où ils coulent tous seuls. 

Le texte est tellement riche qu'il faut en forcer l'une des multiples portes d'entrée. Entrer par la fenêtre. Pour ma part il y en a toujours une qui m'attire le plus, qui me paraît être plus jouante. Me parle.

 

 il y a des endroits auxquels j'ai l'impression que je ne peux pas toucher, qui resteront du domaine de l'écriture pas du jeu.

 

A l'école, on nous fait peut être trop souvent l'apologie de la dramaturgie. Certaines rencontres à l'école m'ont permis de me rappeler que nous sommes nous aussi passeur de sens; porteurs de sens. Au même titre, bien sûr, que n'importe qui au sein de l'équipe. Il faut à tout prix prendre garde au collectif. C'est très important avec un spectacle comme celui-ci, où il y a beaucoup de choses, autant dans le texte, que dans la technique. Il faut veiller à  ne pas sombrer sous la masse mais à se battre ensemble, à garder contact avec les autres, avec le public, l'espace, même avec les H-F. Il ne faut pas oublier son rôle d'acteur. 

 

 

Billet de Joseph BOURILLON   

Rôle de Moritz Sostmann

ENSATT, 2013

 


BILLET #1 : Joseph Bourillon, rôle de Moritz

 

RECHERCHE EN ECRITURE AUTOMATIQUE

 

En ce qui me concerne je cherche ce que signifie être déraciné, comment existe-t-on quand nous ne naissons effectivement pas de nos mères mais bel et bien de l'état. 

Un observateur est quelqu'un en marge des autres. Quand on naît observateur, par quoi se définit-on ? Quand tout le monde est observateur, par quoi se définit-on ?

Faut-il être intellectuel ou passionné ? Réfléchi ou déraisonné ? Faut-il se faire passer pour réfléchi ou se faire passer pour passionné ? Peut-on être les deux à la fois ? 

Pour observer normalement, il faut se fondre dans la masse, ne pas passer pour un marginal. 

Il y a ceux qui cherchent et ceux qui voient. Ceux qui savent et ceux qui soupçonnent… Ceux qui aiment et ceux qui sont aimés. Nous sommes tous spectateurs, acteurs si l'on veut.

 

Un être déraciné

"CLARA : Il a été abordé dès l'âge de six ans par les services de la Stasi. A partir de ce moment-là, il s'est muré dans le silence. Sa vie leur appartenait."

Il vit avec une femme qui a vécu beaucoup de choses, au travers de la télévision également. Il se considère comme quelqu'un "abandonné", d'un abandon infini…

Richard, Johann comme Moritz se définissent par les autres, par leur abandon d'eux mêmes. Est-ce que ce sont des êtres flottants, passifs ou au contraire des intègres, des inébranlables. Qu'est-ce qu'appartenir à la Stasi, à la veille de la chute du mur de Berlin ? Par quoi se définit-on par la suite? 

 

 

Billet de Joseph BOURILLON   

Rôle de Moritz Sostmann

ENSATT, 2013

 



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